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Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/225

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aux pensées honnêtes, instruit par la vie et la méditation à garder la mesure, modeste, voué tout entier aux voluptés paisibles de l’intelligence, ennemi de tout excès et détestant le vice comme une difformité. »

Tandis qu’il allait, menant ces pensées singulières, M. Bergeret reconnut sur le Mail M. l’abbé Lantaigne, supérieur du grand séminaire, et M. l’abbé Tabarit, aumônier de la prison, qui conversaient ensemble. M. Tabarit agitait son long corps, surmonté d’une petite tête pointue, et soutenait d’un bras anguleux le poids de ses paroles, que M. Lantaigne, la tête haute, la poitrine bombée, son bréviaire sous le bras, écoutait en regardant au loin, grave, les lèvres serrées entre des joues lourdes que le sourire n’avait jamais soulevées.

M. Lantaigne répondit au salut de M. Bergeret par un geste et une parole d’accueil :