Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/285

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

point à les rappeler, dans les conjonctures présentes. Madame Bergeret était une femme d’intérieur. Elle avait l’âme domestique. L’adultère n’avait été pour elle qu’une expansion de sa vie conjugale, un rayonnement de son foyer. Elle s’y était livrée par matronal orgueil autant que sur les sollicitations de sa chair épanouie et féconde. Elle avait toujours entendu que son petit commerce physique avec le jeune M. Roux demeurât une pratique secrète et bourgeoise, un adultère modéré, supposant, impliquant, confirmant cet état de mariage que le monde honore, que l’Église sanctifie, qui assure à la femme sa sécurité privée et sa dignité sociale. Madame Bergeret était une épouse chrétienne. Elle savait que le mariage est un sacrement dont les effets augustes et durables ne peuvent être détruits par une faute comme celle qu’elle avait commise, grave, il est vrai, mais pardonnable et rémissible. Sans se juger elle-même avec