Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/296

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Leterrier de méthode et d’invention, moi, triste et vain joueur de mots, d’où vient que je sens cruellement mon insuffisance et l’inanité risible de mes entreprises ? Ne serait-ce point un signe de noblesse intellectuelle et une marque de ma supériorité dans le domaine des idées générales ? Ce Virgilius nauticus, sur lequel je me juge et me condamne, est-ce vraiment mon œuvre et le produit de mon esprit ? Non ! c’est une tâche imposée à ma pauvreté par un libraire cupide, associé à des professeurs artificieux, qui, sous prétexte de délivrer la science française de la tutelle allemande, restaurent la manière frivole d’autrefois et m’imposent des amusements philologiques à la mode de 1820. Que la faute en soit sur eux et non sur moi ! L’appât du gain et non le zèle de la science m’a fait entreprendre ce Virgilius nauticus auquel je travaille depuis trois ans et qui me sera payé cinq cents francs, savoir : deux cent cinquante francs à la