Aller au contenu

Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/297

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

livraison du manuscrit, et deux cent cinquante francs le jour de la mise en vente du tome contenant cet ouvrage. J’ai voulu étancher ma soif abominable de l’or. J’ai failli, non par l’intelligence, mais par le caractère. C’est bien différent ! »

Ainsi M. Bergeret menait le chœur de ses pensées flottantes. La jeune Euphémie, qui n’avait pas quitté la place, appela le maître pour la troisième fois :

— Monsieur… monsieur…

Mais, à ce coup, sa voix, étranglée par les sanglots, s’arrêta dans sa gorge.

M. Bergeret, tournant enfin sur elle les yeux, vit des larmes couler sur deux joues rondes, rouges et luisantes.

La jeune Euphémie essaya de parler : il ne sortit de sa gorge que des sons rauques comme l’appel que les pâtres de son village tirent de leur cornet à bouquin, le soir. Réunissant sur son visage ses deux bras nus jusqu’au coude, dont la chair blanche