Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/309

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humanité grossière, à son génie domestique, à son âme sociable, et finalement d’extirper de la maison l’épouse importune et désobligeante qui lui avait donné l’inestimable avantage d’être trahi.

Il usait de cet avantage. Il accomplissait son œuvre avec une énergie merveilleuse dans un caractère faible. Car M. Bergeret était pour l’ordinaire incertain et sans volonté. Mais en cette occasion un invincible Éros, un désir le poussait. Ce sont les désirs, plus forts que les volontés, qui, après avoir créé le monde, le soutiennent. M. Bergeret était conduit dans son entreprise par l’ineffable désir, par l’Éros de ne plus voir madame Bergeret. Et ce pur, ce clair désir, que ne troublait aucune haine, avait la violence heureuse de l’amour.

Cependant la jeune Euphémie attendait que le maître répondît et lui adressât, du moins, des paroles irritées. Semblable sur ce point à madame Bergeret, sa maîtresse,