Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/38

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glaives rompus de la Trebbia, du Trasimène et de Cannes. Il n’est pas jusqu’à l’inaction désastreuse de Fabius qu’ils n’aient glorifiée, à ce point qu’après vingt-deux siècles on admire la sagesse du Cunctator, qui n’était qu’une vieille bête. C’est le premier art des vaincus.

— Cet art n’est pas perdu, dit M. Bergeret. L’Italie sut le pratiquer, de nos jours, après Novare, après Lissa, après Adoua.

— Cher monsieur, reprit le commandeur Aspertini, quand une armée italienne capitule, nous estimons justement que cette capitulation est glorieuse. Un gouvernement qui présente la défaite dans des conditions esthétiques rallie à l’intérieur l’opinion des patriotes et se rend intéressant aux yeux de l’étranger. Ce sont là des résultats assez considérables. En 1870, il ne tenait qu’à vous, Français, de les obtenir. Si, à la nouvelle du désastre de Sedan, le Sénat et la Chambre des députés avec tous