Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/76

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gaires et injurieux, comme étaient le recteur et le doyen. Le recteur, M. Leterrier, ne pouvait le souffrir. C’était une antipathie de nature, qui croissait avec la régularité d’une expansion végétale et donnait ses fruits chaque année. M. Leterrier, professeur de philosophie, auteur d’un manuel dans lequel tous les systèmes étaient jugés, possédait les certitudes de la doctrine officielle. Il ne subsistait dans son esprit aucun doute sur les questions concernant le beau, le vrai et le bien, dont il avait défini les caractères dans un chapitre de son ouvrage (pages 216 à 262). Or, il tenait M. Bergeret pour un homme dangereux et pervers. M. Bergeret reconnaissait la sincérité parfaite de l’antipathie qu’il inspirait à M. Leterrier, et il n’en murmurait pas. Parfois même il en souriait avec indulgence. Mais il éprouvait, au contraire, un malaise cruel quand il se rencontrait avec le doyen, M. Torquet, qui n’avait de