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de courage et de pitié, qui, dans un siècle dur et sombre, consacra sa vie à défendre les pauvres contre l’avarice des évêques et la cruauté des princes. Maintenant, par l’intermédiaire des Assomptionnistes, il retrouve, moyennant un honnête salaire, les objets perdus, et non pas seulement l’argent, les bijoux et les clés. Je sais, à Bordeaux, un propriétaire à qui il a fait retrouver un locataire et une dame à qui il a fait retrouver un attachement. Pour exploiter l’Affaire, ils lancèrent leur journal La Croix, rédigé dans le style du Père Duchesne et qui portait pour vignette, au lieu du marchand de fourneaux, Jésus crucifié ; et ce symbole donnait, pour l’égarement des simples, l’onction d’un texte édifiant et la majesté des formes liturgiques à leurs sales injures et à leurs abominables calomnies. Bientôt des Croix parurent dans tous les départements, qui répandirent par les campagnes, avec l’image du Christ, le mensonge et l’outrage. De leur imprimerie, « La Maison de la Bonne Presse », sortaient une multitude de revues, d’almanachs, de brochures de propagande religieuse et politique. Ils abondèrent en œuvres, fondèrent des confréries pour favoriser les commerçants catholiques et ramener par la famine