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Page:Anatole France - Le Parti noir.djvu/18

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bre, le 16 novembre 1897, dénonça l’audace croissante des congrégations, signala avec terreur la toute-puissance des influences catholiques dans l’armée, montra dans les villes de garnison, les officiers allant à la messe pour ne pas compromettre leur avancement et envoyant leurs enfants chez les moines qui les élevaient dans la haine et le mépris du pouvoir civil. La Chambre ordonna l’affichage. Mais ni l’orateur ni ceux qui l’applaudirent ne pensèrent un seul moment arracher à ces moines l’arme que leur fournissait l’Affaire, préférant s’en servir eux-mêmes et, pour combattre le nationalisme, s’abriter, du mensonge où l’ennemi se retranchait comme dans une forteresse inexpugnable. Cette audace des moines, qui semblait poussée à son extrémité, s’accrut. Ils excitaient et stupéfiaient les foules flottantes par des promesses fallacieuses et de grossières impostures. Ils entraient dans les complots royalistes, y poursuivant moins la restauration impossible du prétendant que l’établissement d’une dictature militaire et l’organisation d’une force matérielle dont ils eussent été l’âme. Ils se mêlaient aux troubles de la rue, embauchaient des émeutiers. Il n’y avait pas de soir où dans Paris, sur les boulevards,