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blissements qui, n’ayant pas demandé l’autorisation dans le délai de trois mois, se trouvaient en contravention avec la loi. Il y eut de la surprise et de l’indignation parmi les Noirs. La surprise était sincère. Je dirai même qu’elle était légitime ; car on n’admettait pas alors qu’une loi contre les congrégations pût être appliquée. Ce n’était pas l’usage. Quant à l’indignation, elle fut violente chez les modérés de la Chambre. L’un d’eux, naturellement aimable, parla de crime contre la liberté et l’humanité. Mais cela doit s’entendre au sens parlementaire. Le monde des couvents prépara des manifestations publiques. Il y eut, au soleil de juillet, de saintes promenades dans les villes et les campagnes. À Paris, des foules aristocratiques firent cortège aux sœurs expulsées. On vit les femmes fortes dont parle l’Écriture s’acheminer par les Champs-Élysées vers le ministère de l’Intérieur, où elles espéraient apaiser leur soif du martyre, qui n’y fut point étanchée. En Bretagne, les comités catholiques organisèrent la résistance à la loi. Les hommes d’Église exhortaient à la haine les femmes et les enfants, poussaient au combat les paysans ivres de religion et d’eau-de-vie, organisaient des gardes de jour et de nuit autour