Page:Anatole France - Le Petit Pierre.djvu/137

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personnes comme monsieur et madame Debas, et madame Petit la marchande de lunettes, gens de peu, qui ne payaient pas cher, mais qui payaient tous les trois mois.

M. Bellaguet qui était ingénieux avait même établi dans la gouttière un petit atelier où M. Ménage faisait de la peinture. Cet atelier se trouvait porte à porte avec la chambre de ma bonne Mélanie, dont il n’était séparé que par la largeur d’un étroit corridor gluant, visqueux, aimé des araignées, où traînaient des odeurs lentes d’évier. L’escalier y finissait en se raidissant. La première porte qu’on trouvait devant soi était celle de la chambre de ma bonne Mélanie. Cette chambre, très lambrissée, s’éclairait par une fenêtre à tabatière vitrée de vitres verdâtres, cassées en plusieurs endroits, raccommodées avec du papier, poudreuses, et qui salissaient le ciel. Le lit de Mélanie était couvert d’une courtepointe en toile de Jouy où l’on voyait, imprimé en rouge et plusieurs fois répété, le couronnement d’une rosière. C’était avec une armoire de noyer tout le bien de ma chère bonne. En face de cette chambre s’ouvrait l’atelier de peinture. Une carte de visite portant le nom