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Page:Anatole France - Le Petit Pierre.djvu/167

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nôtre, les tuyaux de cheminées pratiquées en l’épaisseur des murs, étaient assez gros pour qu’un enfant pût s’y introduire. De petits Savoyards, le plus souvent, faisaient ce travail. On disait qu’ils avaient appris de leur marmottes à grimper ; mais ils s’aidaient d’une corde à nœuds. Celui-ci, tout barbouillé de suie, coiffé jusqu’aux oreilles d’un petit bonnet à la phrygienne noir comme lui, montrait, en souriant, des dents d’une blancheur éclatante et des lèvres rouges, qu’il léchait pour les nettoyer. Il portait sur son épaule des cordes et une truelle, et était tout menu dans sa veste et ses culottes courtes. Je le trouvai gentil et lui demandai son nom. Il me répondit d’une voix nasillarde et très douce qu’il se nommait Adéodat, natif de Gervex, près de Bonneville.

Je m’approchai de lui et, dans un mouvement de sympathie, je lui dis :

— Voulez-vous être mon frère ?

Il roula à travers son masque d’arlequin des prunelles étonnées, ouvrit la bouche jusqu’aux oreilles et me fit signe de la tête qu’oui.

Alors, saisi d’une sorte de délire fraternel, je l’avertis de m’attendre un moment, et courus