Page:Anatole France - Le Petit Pierre.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

où tout est en pourriture, une magnifique courtepointe brodée de fleurs de lis.

C’est tout ce que j’appris de la mère Cochelet. Mais à quelque temps de là, comme nous nous promenions aux Tuileries, ma bonne Mélanie et moi, nous rencontrâmes la vieille femme qui, sur un banc, offrait une prise de tabac à un invalide. Elle portait un mauvais chapeau de paille noire par-dessus son bonnet tuyauté, à la mode de 1820, et s’enveloppait d’un châle jaune à palmes tout taché. Son menton appuyé sur sa béquille branlait, et la loupe qui lui bouchait l’œil tremblait.

L’invalide avait le nez et le menton en patte de homard. Ils causaient ensemble.

— Allons ailleurs, me dit Mélanie.

Et elle se leva. Mais, curieux d’entendre ce que disait la mère Cochelet, je m’approchai du banc où elle était assise.

Elle ne parlait pas, elle chantait. Elle chantait ou plutôt elle fredonnait :


Que ne suis-je la fougère ?…