Page:Anatole France - Le Petit Pierre.djvu/198

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Mais mon parrain ne le voyait pas et je ne pouvais le lui montrer puisque je ne le voyais pas moi-même et affirmais sa présence sur l’autorité d’autrui.

— Et vous, madame Nozière, voyez-vous le papegai ? demanda mon parrain.

— Le papegai ?

— Le papegai ou le papegaut.

— Le papegaut ?

— Le papegai, répétait mon parrain en riant. Son rire qui sonnait comme un grelot lui secouait le ventre et faisait carillonner ses breloques sur son gilet de soie verte. Cette gaîté me gagna et je répétai en riant, sans savoir ce que je disais :

— Le papegai, le papegai.

Mais ma chère maman, dans sa prudence, ne consentit à sourire que lorsque mon père l’eut instruite que le perroquet s’appelait autrefois papegai ou papegaut. Ce que mon parrain illustra par cet exemple :

— Gai comme un papegai, dit Rabelais.

À ce nom de Rabelais, que j’entendais pour la première fois, je me mis à rire aux éclats par bêtise, sottise, niaiserie, baguenauderie et nullement par pressentiment, intuition et révé-