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lation de tout ce qu’il y a, sous ce nom, de sublime bouffonnerie, de joyeuse humeur, et de folie plus sage que la sagesse. Il n’en est pas moins vrai que ce fut dignement saluer l’auteur du Gargantua. Ma chère maman me fit signe de me taire et demanda si l’on a bien sujet de dire que les perroquets sont gais.

— Madame Nozière, répondit mon parrain, papegai rime à gai ; c’est déjà une raison pour le commun des hommes, qui considère plus le son des mots que leur sens. L’on peut croire aussi que le papegai prend plaisir à se voir si bien habillé de vert. Ne nomme-t-on pas le vert de ses plumes vert gai ?

Aux environs de ma cinquième année, j’avais eu avec Navarin, le perroquet de madame Laroque, des démêlés dont il me souvenait encore. Il m’avait mordu au doigt, j’avais médité de l’empoisonner. Nous nous étions réconciliés ; mais je n’aimais pas les perroquets. Je connaissais leurs mœurs par un petit livre intitulé La Volière d’Ernestine, qu’on m’avait donné pour mes étrennes et qui traitait en quelques pages de tous les oiseaux. Le désir de briller dans la conversation me fit dire, sur l’autorité de mon livre, que les sau-