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Page:Anatole France - Le Petit Pierre.djvu/212

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Nous désespérions, quand Jacquot parut. Les présomptions du commis de M. Caumont se vérifiaient. Je passai la tête par la lucarne et vis le papagai qui, d’une marche difficile, en balançant son gros corps, descendait lentement le pignon. C’était lui ! Il venait à nous. J’en tressaillis de joie. Il était tout proche. Je retenais mon souffle. Simon de Nantua lui jeta un appel sonore et, ayant pris le morceau de pain trempé de vin, le tendit à bout de bras, poing fermé. Jacquot s’arrêta, regarda de notre côté, d’un air de défiance, s’éloigna, battit des ailes et s’enfuit d’un vol d’abord difficile, mais qui, devenu peu à peu plus rapide et plus soutenu, le porta jusqu’au toit d’une maison voisine où il disparut à nos yeux. Notre déconvenue à l’un et à l’autre fut grande, mais Simon de Nantua ne se laissait point abattre par la mauvaise fortune : il tendit le bras vers l’océan des toits.

— Là ! fit-il.

Ce geste énergique, cette parole brève me transportèrent d’enthousiasme.

Je m’attachai à sa vieille redingote et, pour rapporter les faits tels que mon souvenir me les retrace, je fendis l’air avec lui et descendis du