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Simon de Nantua, qu’entouraient des gardiens coiffés d’un bicorne et de jeunes hommes aux longs cheveux ombragés d’un chapeau de feutre à la Rubens et portant un carton sous le bras. Les gardiens niaient avoir vu l’oiseau de la comtesse Michaud. Les jeunes gens conseillaient en riant à Simon de Nantua de lui mettre, pour l’attraper, un grain de sel sur la queue ou plutôt de lui gratter la tête. Il n’y avait rien, affirmaient-ils, qui fût plus agréable aux perroquets.

Et les jeunes hommes nous saluèrent en nous priant de présenter leurs hommages à la comtesse Michaud.

— Malappris ! murmura Simon de Nantua.

Et il sortit indigné.

De retour chez la comtesse Michaud, nous trouvâmes dans la salle à manger… qui ?… le papegai sur son perchoir. Il s’y tenait d’une assiette tranquille et accoutumée et semblait ne l’avoir jamais quitté. Quelques grains de chènevis répandus sur le parquet attestaient qu’il venait de manger. À notre approche, il tourna vers nous un œil rond et fier comme une cocarde, se balança, se hérissa et ouvrit largement ce bec qui formait tout son visage.