cette maison de la rue Saint-Honoré, la gaîté de l’enseigne m’aidait-elle à supporter la vue du cabaret où se consommait le déshonneur de ma famille.
Hyacinthe, sans instruction, mais bon calculateur et chiffrant bien, possédait ce qu’on appelait alors une belle main ; c’est-à-dire qu’il était calligraphe. On citait de lui la proclamation de Bonaparte à l’armée d’Italie, tracée en caractères microscopiques et formant, par la disposition des lignes, un portrait du premier consul. Conscrit en 1813, élevé au grade d’adjudant l’année suivante, pendant la campagne de France, il se vantait d’avoir eu une conversation avec l’Empereur, la nuit, au bivouac près de Craonne :
— Sire, lui dit Hyacinthe, nous verserons notre sang jusqu’à la dernière goutte sous vos aigles, parce que vous incarnez la Patrie et la Liberté !
— Hyacinthe, vous m’avez compris, répondit l’Empereur.
Nous ne connaissons cet entretien, je me hâte de le dire, que par le témoignage d’Hyacinthe, qui le lendemain, de son propre aveu, se couvrit de gloire, à Craonne. Et comme