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Page:Anatole France - Le Petit Pierre.djvu/236

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harangua et lui décerna une médaille de bronze à l’effigie de La Fayette. Les défenseurs des barricades, à l’approche du cortège, écartaient pavés, tonneaux, voitures, pour ouvrir, à travers les obstacles, un passage au blessé. Sur tout le parcours, les postes d’insurgés présentaient les armes, les tambours battaient aux champs, les clairons sonnaient. Les cris de : « Vive le défenseur du peuple ! vive le soutien de la Charte ! vive le héros de la Liberté ! » s’élevaient dans un poudroiement de lumière, vers un ciel torride. De tous les cabarets les verres remplis d’une liqueur vermeille volaient aux lèvres de l’inconnu couché sur son lit de gloire et les bouteilles pleines allaient abreuver les porteurs fumants comme des cassolettes.

Et l’oncle Hyacinthe fut déposé avec honneur dans la boutique de madame Constance, blanchisseuse, au coin de la place de la Bastille et du faubourg Saint-Antoine.