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II

LES TEMPS PRIMITIFS


Mon plus ancien souvenir me représente un chapeau haut de forme, à longs poils, à larges bords, doublé de soie verte, dont la coiffe de cuir fauve se découpait, à sa partie supérieure, en languettes recourbées comme les fleurons d’une couronne fermée, à cela près qu’elles ne se rejoignaient pas tout à fait et laissaient apercevoir par une ouverture circulaire un foulard rouge introduit entre la coiffe et le fond armorié du chapeau. Un vieux monsieur tout blanc entrait dans le salon, tenant à la main ce chapeau dont il tirait devant moi le foulard