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mal et je lui disais ce qu’on m’avait dit : Vous êtes un âne. Vous aurez un mauvais point. N’avez-vous pas honte de votre paresse ? Ce matin-là, donc, je lui demandai si elle connaissait Esther et Athalie.

— Mon petit monsieur, me répondit-elle, Esther et Athalie, c’est des noms.

— Justine, cette réponse mérite une punition.

— C’est des noms, mon petit maître. Natalie, c’est le nom de ma sœur de lait.

— C’est possible, mais tu n’as pas lu dans le livre l’histoire d’Esther et d’Athalie. Non, tu ne l’as pas lue. Eh ! bien, je vais te la conter.

Et je la lui contai.

— Esther était fermière à Jouy-en-Josas. Un jour qu’elle se promenait dans la campagne, elle rencontra une petite fille évanouie de fatigue, au bord d’un chemin. Elle la fit revenir à elle, lui donna du pain, du lait, lui demanda son nom.

Je contai ainsi jusqu’à la porte du collège. Et j’étais sûr que cette histoire était vraie, et que je la trouverais toute semblable dans mon livre. Comment me l’étais-je persuadé ? Je n’en sais rien. Mais j’en étais sûr.

Cette journée ne fut point mémorable. Mon