Page:Anatole France - Le Petit Pierre.djvu/349

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le papier de tenture offrait aux yeux un semis de bouquets bleus sur fond crème. Un lit, deux chaises et une table la meublaient. Le lit de fonte mérite d’être décrit. Il était peint d’une couleur dont le choix ne se concevait pas tant qu’on n’avait pas saisi qu’elle imitait le palissandre. Ce lit, historié en toutes ses parties dans le style Renaissance, tel qu’on le traitait sous Louis-Philippe, présentait notamment, à son devant, un médaillon orné de perles, d’où sortait une tête de femme coiffée d’une féronnière. Des oiseaux dans des feuillages ornaient la tête et le pied. Il ne faut pas perdre de vue que ces têtes, ces oiseaux, ces feuillages étaient de fonte de fer imitant le bois de violette. Comment ma pauvre maman avait-elle acheté une semblable chose, c’est un mystère cruel que je n’ai pas le courage d’éclaircir ? Une carpette étendue au pied de ce lit offrait aux regards de jeunes enfants jouant avec un chien. Sur les murs étaient pendues des aquarelles, représentant des Suissesses en costume national. Le mobilier se composait encore d’une étagère où je mettais mes livres, d’une armoire de noyer, et d’une petite table Louis XVI en bois de rose, que j’eusse volontiers échangée