Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rien trouver d’utile ni de bon, mais son esprit n’était point stérile : il y germa, une fois, à la pointe du matin, une idée profitable.

Pour la mettre à exécution, Buffalmacco attendit le départ du maître. Dès qu’il fit jour, le Tafi, selon sa coutume, mit dans la poche de sa robe le flacon de vin de Chianti et les trois œufs durs qui composaient son déjeuner ordinaire, et, ayant recommandé aux élèves de faire fondre les verres d’après les règles, et de prendre toute la peine possible, il s’en alla travailler dans cette église de San Giovani qui est merveilleusement belle et construite par un artifice admirable dans la manière des anciens. Il y exécutait alors des mosaïques représentant les Anges, les Archanges, les Chérubins, les Séraphins, les Puissances, les Trônes et les Dominations ; les principales actions de Dieu, depuis la création de la lumière jusqu’au déluge ; l’histoire de Joseph et de ses douze frères, l’histoire de Jésus-Christ depuis le moment où il fut conçu dans le ventre de sa mère jusqu’à son ascension au ciel, et la vie de Saint-Jean-Baptiste. Comme il se donnait beaucoup de mal pour incruster les pâtes dans le ciment et