Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/125

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villes, et c’était là, pour un peintre, qu’il était bon de vivre. Buffalmacco savait donner à ses figures le mouvement et l’expression ; et, bien qu’il restât fort au-dessous du divin Giotto pour la beauté du dessin, il plaisait par la riante abondance de ses inventions. Aussi reçut-il bientôt des commandes en assez grand nombre. Il ne tenait qu’à lui d’acquérir promptement des richesses et de la gloire. Mais son plus grand souci était de se divertir en compagnie de Bruno di Giovanni et de Nello, et de dissiper avec eux, en débauches, tout l’argent qu’il gagnait.

Or, l’abbesse des dames de Faenza, établies à Florence, résolut, en ce temps-là, de faire orner de fresques l’église du monastère. Ayant appris qu’il se trouvait dans le quartier des foulons et des cardeurs un peintre habile, appelé Buffalmacco, elle lui envoya son intendant afin de s’entendre avec lui au sujet de ces peintures. Le maître, ayant accepté le prix qu’on lui offrait, entreprit l’ouvrage. Il fit élever un échafaud dans l’église du monastère, et, sur l’enduit encore frais, commença de peindre, avec une merveilleuse vigueur, l’histoire de