Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/132

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commença de promener le pinceau sur le mur, ainsi qu’il avait vu faire. Il travailla sur le roi Melcbior et sur le cheval et n’eut de cesse qu’après avoir tout repeint de sa main.

Le lendemain matin, Buffalmacco, trouvant ses couleurs bouleversées et son ouvrage gâté, en ressentit de la douleur et de la colère. Il se persuada que quelque peintre arétin, jaloux de son mérite, lui avait joué ce tour, et il alla s’en plaindre à l’évêque. Le seigneur Guido le pressa de se remettre à l’œuvre et de rétablir promptement ce qui avait été détruit de façon si mystérieuse. Il lui promit qu’à l’avenir, deux soldats seraient de garde jour et nuit devant les fresques, prêts à percer de leur lance quiconque approcherait. Sur cette promesse, Buffalmacco consentit à reprendre son travail et deux soldats furent mis en faction près de lui. Un soir, comme il venait de sortir, sa journée faite, ces soldats virent le singe du seigneur évêque sauter si lestement à sa place sur l’échafaud, et saisir en telle hâte les tubes et les brosses, qu’ils n’eurent point le temps de l’en empêcher. Ils appelèrent à grands cris le maître qui rentra dans la salle à temps pour