Aller au contenu

Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/147

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Il était pauvre avec allégresse. Il se délectait dans l’obéissance. Et, renonçant à former des desseins, il goûtait le pain du cœur. Car le poids des actions humaines est inique, et nous sommes des arbres qui portent des fruits empoisonnés. Il craignait d’agir, car l’effort est douloureux et vain. Il craignait de penser, car la pensée est mauvaise.

Il était humble, sachant que l’homme n’a rien en propre dont il se puisse glorifier, et que la superbe endurcit les âmes. Et il savait encore que ceux qui n’ont, pour tout bien, que les richesses de l’esprit, s’ils en font gloire, s’abaissent par cet endroit jusqu’aux puissants de ce monde.

Et fra Giovanni passait en humilité tous les moines de la maison de Viterbe. Le gardien du couvent, le saint frère Silvestre, était moins bon que lui, parce que le maître est moins bon que le serviteur, la mère moins innocente que le petit enfant.

Voyant que fra Giovanni avait coutume de se dépouiller de sa robe pour en vêtir les membres souffrants de Jésus-Christ, le gardien lui défendit, au nom de la sainte obéissance, de