Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/197

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l’opprobre de son couvent. Il va nu par les rues, portant ses habits sur sa tête, et il se livre à toutes sortes d’extravagances.

Un boulanger dit ensuite :

— C’est un fou et un méchant ! Il mendie son pain aux portes des boulangers.

Plusieurs entre les assistants, jetant de grandes clameurs, tirèrent le frère Giovanni par sa robe et, tandis qu’ils s’efforçaient de le pousser dehors, d’autres, plus impatients, lançaient des escabeaux et les rompaient sur la tête du saint homme. Mais le doyen se leva sous le dais et dit :

— Laissez en repos cet homme, afin qu’il m’entende et soit confondu. Il demande ce que c’est que le bien, parce que le bien n’est pas en lui et qu’il est dénué de vertu. Et moi je lui réponds : « La connaissance du bien est au dedans des hommes vertueux. Et les bons citoyens portent en eux le respect des lois. Ils approuvent ce qui a été fait dans la ville pour assurer à chacun la jouissance des richesses acquises. Ils soutiennent l’ordre établi et s’arment pour le défendre. Car le devoir des pauvres est de défendre le bien des riches.