Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/198

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Et c’est ainsi que se maintient l’union des citoyens. Et cela est le bien. Et le riche se fait apporter par un serviteur une corbeille pleine de pains qu’il distribue aux pauvres, et cela encore est le bien ». Voilà ce qu’il convenait d’apprendre à cet homme ignorant et grossier.

Ayant parlé de cette manière, le doyen s’assit et la foule des pauvres fit entendre un murmure favorable. Mais fra Giovanni, étant monté sur un des escabeaux qu’on lui avait jetés à la tête avec l’opprobre et l’injure, parla à tous et dit :

— Entendez les paroles salutaires ! Le bien n’est point dans l’homme. Et l’homme, par lui-même, ne sait point ce qui lui est bon. Car il ignore sa nature et sa destinée. Et ce qu’il estime bon peut lui être mauvais. Ce qu’il croit utile peut lui être nuisible. Et il est incapable de choisir les choses convenables, parce qu’il ne connaît pas ses besoins, et qu’il est semblable au petit enfant qui, assis dans la prairie, suce comme du lait le suc de la belladone. Et il ne sait point que la belladone est un poison ; mais sa mère le sait. C’est pourquoi le bien est de faire la volonté de Dieu.