Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/227

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vérité, daignez m’éclairer des lueurs de l’aube éternelle et me nourrir des flammes de votre amour, ô vivante Vérité, Seigneur, mon Dieu !

Ainsi le saint homme Giovanni priait des lèvres. Mais il lui souvenait en son cœur des discours du Contradicteur. Et il était troublé jusques au fond de l’âme. Et dans le trouble et l’angoisse il s’endormit.

Et parce que la pensée du Contradicteur pesait sur son sommeil, il ne n’endormit pas comme le petit enfant couché sur le sein de sa mère. Et son dormir ne fut point de rire et de lait. Et il eut un songe. Et il vit en rêve une roue immense qui de vives couleurs brillait.

Et elle ressemblait à ces roses de lumière qui fleurissent au portail des églises, par l’art des ouvriers tudesques, et qui font paraître dans le verre limpide l’histoire de la Vierge Marie et la gloire des prophètes. Mais de ces roses le Toscan ignore l’artifice.

Et cette roue était grande, lucide et claire mille fois plus que la mieux ouvrée de toutes ces roses qui furent divisées au compas et peintes au pinceau dans les pays d’Allemagne.