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Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/249

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du jour, pour te délivrer et t’aider à fuir. Vois : j’ai revêtu l’habit d’un geôlier ; la porte de la prison est ouverte. Viens, hâte-toi !

Et le saint homme, s’étant levé, répondit :

— Docteur, prenez garde à ce que vous dites. J’ai fait le sacrifice de ma vie. Et j’avoue qu’il m’en a coûté. Si, croyant sur votre parole que je suis rendu à la vie, on me mène au lieu de justice, il me faudra faire un second sacrifice plus douloureux que le premier, et souffrir deux morts. Et je vous avoue que mon envie du martyre s’en est allée, et que le désir m’est venu de respirer le jour sous les pins de la montagne.

Le docteur Subtil répliqua :

— Il se trouve que j’avais dessein de te mener sous les pins qui sunnent au vent avec la douceur triste de la flûte. Nous déjeunerons sur la pente moussue qui regarde la ville. Viens ! Pourquoi tardes-tu ?

Et le saint homme dit :

— Avant de partir avec vous, je voudrais bien savoir qui vous êtes. Je suis déchu de ma première constance. Mon courage n’est plus qu’un brin de paille sur l’aire dévastée de ma