Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Cet avis fut approuvé par toute la Seigneurie qui résolut d’inviter Catherine à visiter Niccola Tuldo dans sa prison.

En ce temps-là, Catherine, fille de Giacomo, le foulon, parfumait de ses vertus la cité de Sienne. Elle habitait une cellule dans la maison de son père et portait l’habit des Sœurs de la Pénitence. Elle ceignait sous sa robe de laine blanche une chaîne de fer, et se flagellait chaque jour une heure. Puis montrant ses bras couverts de plaies, elle disait : « Voilà mes roses ! » Elle cultivait dans sa chambre des lys et des violettes, dont elle faisait des guirlandes pour les autels de la Vierge et des Saints. Et pendant ce temps elle chantait des hymnes en langue vulgaire à la louange de Jésus et de Marie. En ces tristes années où la ville de Sienne était une hôtellerie de douleur et une maison de joie, Catherine visitait les prisonniers, et elle disait aux prostituées : « Mes sœurs, que je voudrais vous cacher dans les plaies amoureuses du Sauveur ! » Et une vierge si pure, enflammée d’une telle charité, n’avait pu éclore et fleurir qu’à Sienne, qui, sous ses souillures et