Aller au contenu

Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/261

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

parmi ses crimes, restait la cité de la Sainte-Vierge.

Avertie par les magistrats, Catherine se rendit à la prison publique le matin du jour où ser Niccola Tuldo devait mourir. Elle le trouva étendu sur le pavé du cachot, blasphémant à grands cris. Là, soulevant le voile blanc que le bienheureux Dominique lui-même, descendu du Paradis, avait posé sur son front, elle découvrit au prisonnier un visage d’une beauté céleste. Comme il la regardait, étonné, elle se pencha sur lui pour essuyer l’écume qui lui souillait la bouche.

Ser Niccola Tuldo, tournant sur elle des yeux encore farouches, lui dit :

— Va-t’en ! Je te hais, parce que tu es de Sienne, qui me tue. Oh ! Sienne, vraie louve, qui enfonce ses crocs vils dans la gorge d’un noble homme de Pérouse ! Ô louve ! ô lice immonde et sauvage !

Catherine lui répondit :

— Mon frère, qu’est-ce qu’une ville, et que sont toutes les cités de la terre, auprès de la cité de Dieu et des anges ? Je suis Catherine, et je viens te convier aux noces éternelles.