Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/264

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vit tout à coup, de ses yeux qui allaient bientôt s’éteindre, les toits, les dômes, les clochers, les tours de Sienne, et au loin les murs qui suivaient la pente des collines. À cette vue, il lui souvint de sa ville natale, de la riante Pérouse, ceinte de jardins, où les eaux vives chantent parmi les fruits et les fleurs. Il revit la terrasse qui domine la vallée du Trasimène où le regard boit le jour avec délices.

Et le regret de la vie déchira de nouveau son cœur. Il soupira :

— Ô ma ville ! Ô maison paternelle !

Puis la pensée de Catherine rentra dans son âme et la remplit jusqu’aux bords d’allégresse et de paix.

Enfin on parvint à la place du marché où, chaque samedi, les paysannes de Camiano et de Granayola étalent les citrons, les raisins, les figues et les pommes d’or et jettent aux ménagères de joyeux appels mêlés de propos salés. C’est là que l’échafaud était dressé. Ser Nicolas Tuldo y vit Catherine qui priait à genoux, la tête sur le billot.