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Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/268

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de la belle Catherine Manini, femme du sénateur Alesso Cornaro. Comme il était très riche, il avait beaucoup d’amis, à qui il donnait des fêtes et qu’il obligeait de sa bourse. Mais il fit de grandes pertes dans la guerre contre les Génois et dans les troubles de Naples. Il advint aussi que trente de ses navires furent capturés par les Uscoques ou périrent dans la mer. Le pape, à qui il avait prêté de grosses sommes d’argent, refusa d’en rien rendre. En sorte que le magnifique Fabio fut dépouillé en peu de temps de toutes ses richesses. Ayant vendu son palais et sa vaisselle pour payer ce qu’il devait, il se trouva dénué de tout. Mais habile, courageux, très entendu au négoce et dans la vigueur de l’âge, il ne songeait qu’à relever ses affaires. Il fit beaucoup de calculs dans sa tête et estima que cinq cents ducats lui étaient nécessaires pour reprendre la mer et tenter de nouvelles entreprises dont il augurait un succès heureux et certain. Il demanda au seigneur Alesso Bontura, qui était le plus riche citoyen de la République, de vouloir bien lui prêter ces cinq cents ducats. Mais le bon seigneur, estimant que, si l’audace procure les grands biens,