Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/270

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s’est à regret que nous vous refusons ce que vous demandez. Mais la bonne conduite des affaires l’exige.

Le soir, comme il regagnait tristement sa maison, la courtisane Zanetta, qui se baignait alors dans le canal, se suspendit à la gondole et regarda Fabio amoureusement. Du temps de sa richesse, il l’avait fait venir une nuit dans son palais et l’avait traitée avec bienveillance, car il était d’humeur riante et gracieuse.

— Poux seigneur Fabio, lui dit-elle, je sais vos malheurs ; ils sont l’entretien de toute la ville. Écoutez-moi : je ne suis pas riche, mais j’ai quelques joyaux au fond d’un petit coffre. Si vous les acceptez de votre servante, gentil Fabio, je croirai que Dieu et la Vierge m’aiment.

Et il était vrai que, dans la nouveauté de l’âge et la fine fleur de sa beauté, la Zanetta était pauvre. Fabio lui répondit :

— Gracieuse Zanetta, il y a plus de noblesse dans le bouge où tu habites que dans tous les palais de Venise.

Trois jours encore Fabio visita les banques et les fondaks sans trouver personne qui voulût lui prêter de l’argent. Et partout il recevait