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Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/275

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sur le Bosphore, avec des femmes grecques, s’étant éloigné de la terre, il fut pris par des pirates et mené captif en Égypte. Par bonheur, son or et ses marchandises étaient en sûreté. Les pirates le vendirent à un seigneur sarrasin qui, lui ayant fait mettre les fers aux pieds, l’envoya cultiver le blé, qui est très beau dans cette contrée. Fabio offrit à son maître de payer une grosse rançon, mais la fille du seigneur sarrasin, qui l’aimait et voulait l’amener à ce qu’elle désirait, dissuada son père de le délivrer à aucun prix. N’attendant plus son salut que de lui-même, il lima ses fers avec les instruments qu’on lui donnait pour cultiver les champs, s’enfuit, gagna le Nil et se jeta dans une barque. Il atteignit ainsi la mer qui était proche, y fut errant plusieurs jours, et, au moment de mourir de faim et de soif, fut recueilli par un navire espagnol qui allait à Gênes. Mais, après huit jours de navigation, ce navire fut assailli par une tempête qui le rejeta sur la côte de Dalmatie. Près d’y aborder, il se brisa sur un écueil. Tout l’équipage fut noyé, et Fabio, soutenu par une cage à poulet, gagna à grand’peine le rivage. Il y tomba inanimé