Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/304

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demander un moment d’entretien. Il portait sous son bras deux ou trois cahiers recouverts de parchemin. Le général regarda ces paperasses d’un air un peu narquois. Il ne doutait point que ce ne fût la généalogie des Bonaparte, et il y voyait la source d’une conversation inépuisable. Pourtant il ne laissa paraître aucune impatience.

Il n’était maussade ou colère que lorsqu’il le voulait expressément. Or, il n’avait aucune envie de déplaire à son bon parent ; il désirait au contraire lui être agréable. Et, de plus, il n’était pas fâché de connaître toute la noblesse de sa race, maintenant que ses officiers jacobins n’étaient plus là pour s’en moquer ou pour en prendre ombrage. Il pria le chanoine de s’asseoir.

Celui-ci prit un siège, posa ses registres sur la table et dit :

— Mon neveu, j’avais commencé, pendant le souper, à vous parler des Buonaparte de Florence ; mais j’ai compris, au regard que vous m’avez adressé, que ce n’était pas le lieu de s’étendre sur ce sujet. Je me suis tu, réservant pour ce moment-ci l’essentiel. Je vous prie, mon parent, de m’écouter avec attention.