Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/60

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bonnet, tombaient en boucles azurées sur son front, ses prunelles d’or jetaient les rayons d’une lumière éblouissante. Il avait les bras d’Hercule avec des mains de nymphe. Ses épaules étaient larges, et sa taille était fine et souple. Il excellait à monter les chevaux difficiles ainsi qu’à manier les armes pesantes, et il était sans rival au jeu de bague. Lorsqu’il traversait les rues de la ville pour entendre la messe, soit à San Giovanni, soit à San Michele, ou qu’il se promenait, au bord de l’Arno, dans les prairies, teintes de fleurs comme une belle peinture, si des dames de quelque gentillesse, allant de compagnie, le rencontraient sur leur passage, elles ne manquaient point de se dire l’une à l’autre en rougissant : « Voici messer Guido, le fils du seigneur Cavalcante de’Cavalcanti. Vraiment c’est un beau saint Georges ! » Et l’on conte que Madonna Gemma, femme de Sandro Bujamonte, envoya un jour sa nourrice vers lui pour lui faire savoir qu’elle l’aimait de toute son âme et qu’elle en pensait mourir. Il était pareillement très recherché dans les compagnies que formaient alors les jeunes seigneurs de Florence, qui s’y fêtaient entre eux, soupaient, jouaient,