Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/70

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qu’il avait aux choses éternelles. C’est pourquoi il fuyait les vivants et cherchait les morts.

En ce temps-là, l’église de San Giovanni était entourée de tombeaux romains. Messer Guido y venait bien souvent à l’Ave Maria et il y méditait encore dans le silence de la nuit. Il croyait, sur la foi des chroniques, que ce beau San Giovanni avait été un temple païen avant d’être une église chrétienne, et cette pensée plaisait à son âme amoureuse des mystères antiques. Il était surtout charmé par la vue de ces tombes sur lesquelles le signe de la croix n’avait point été tracé, mais qui portaient des inscriptions latines et qu’ornaient des figures d’hommes et de dieux. C’étaient de longues cuves de marbre blanc, et sur les parois de ces cuves on reconnaissait des banquets, des chasses, la mort d’Adonis, le combat des Lapithes et des Centaures, la chasteté d’Hippolyte, les Amazones. Messer Guido lisait curieusement les inscriptions et cherchait le sens de ces fables. Une des tombes l’occupait plus que toutes les autres, parce qu’il y voyait deux Amours tenant chacun un flambeau, et il était curieux de connaître la