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Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/69

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tenir, au lieu de lance, un roseau pour écrire. » Ils l’appelaient contemplateur des demoiselles araignées et petit trousse-jupes de madame Philosophia. Encore ne s’en tenaient-ils pas à ces railleries légères. Ils donnaient à entendre qu’il était trop savant pour rester bon chrétien, qu’il s’adonnait aux sciences magiques et conversait avec les démons.

— On ne se cache comme il fait, disaient-ils, que pour tenir assemblée avec les diables et les diablesses afin d’en obtenir de l’or au prix d’impudicités dégoûtantes.

Enfin ils l’accusaient de donner dans cette cabale d’Épicure qui avait naguère séduit un empereur à Naples et un pape dans Rome et qui menaçait de changer les peuples de la chrétienté en un troupeau de pourceaux indifférents à Dieu et à l’âme immortelle. « Il sera bien avancé, concluaient-ils, quand, à force d’étudier, il ne croira plus en la Sainte Trinité ! » Ce bruit qu’ils semaient était le plus redoutable et il pouvait en arriver malheur à messer Guido.

Messer Guido Cavalcanti savait bien qu’on le raillait dans les compagnies de l’attachement