Page:Anatole France - Le Puits de sainte Claire.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Aussi bien, dit le peintre, n’avaient-ils pas attaqué le vrai Dieu, mais seulement une idole des païens. Cela est considérable. Le fait est certain, Lucifer, que vous avez levé l’étendard de la révolte contre le roi véritable de la terre et du ciel.

— Je n’en disconviens pas, répondit Lucifer. De combien de sorte de péchés me charges-tu pour cela ?

— On peut bien vous en donner sept, répondit le peintre, et tous capitaux.

— Sept ! dit l’Ange des Ténèbres, le nombre est théologique. Tout va par sept dans mon histoire qui est étroitement mêlée à celle de l’Autre. Spinello, tu me tiens pour orgueilleux, colère et envieux. Je consens à l’être, à condition que tu reconnaisses que la gloire seule me fit envie. Me tiens-tu pour avare ? J’y consens encore. L’avarice est une vertu pour les princes. Quant à la gourmandise et à la luxure, si tu m’en fais un grief, je ne m’en fâcherai pas. Reste la paresse.

En prononçant ce mot, Lucifer croisa ses bras sur sa cuirasse et, secouant sa tête sombre, agita sa chevelure enflammée :