Page:Anatole France - Le Testament politique et religieux du président Cassignol, paru dans L’Écho de Paris, 01 mars 1898.djvu/3

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il dit gravement, avec l’accent d’un autre âge :

— Il y a aujourd’hui quarante-quatre ans, jour pour jour, que l’abbé de Lamennais est mort. Il était déjà depuis longtemps perdu pour la vérité. Et pourtant… Messieurs, comprenez-vous le sens des événements présents, en dégagez-vous la philosophie, qui échappe au vulgaire ?

Messieurs, vous voyez s’accomplir aujourd’hui ce que Lamennais et Lacordaire avaient annoncé et préparé, ce que moi, leur disciple humble et fidèle, j’attendais depuis plus de soixante ans, la subordination du pouvoir temporel au pouvoir spirituel.

Monsieur Bergeret avait envie de dire qu’il ne le voyait pas et qu’il serait fâché de le voir, car il n’était point ultra-montain. Mais il crut devoir écouter en silence un orateur de quatre-vingt-onze ans.

— Vous êtes jeunes, Messieurs, poursuivit le président Cassignol. Encore un