Page:Anatole France - Le Testament politique et religieux du président Cassignol, paru dans L’Écho de Paris, 01 mars 1898.djvu/4

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peu de temps et vous assisterez au triomphe de l’Église catholique qui, sur la ruine des partis, établira la justice et la liberté sur les nations.

Il mit ses lunettes sur ses yeux glauques.

— Vous n’avez pas oublié sans doute ce que disait Monsieur Lacordaire en 1833. Il disait : « Que les rois descendent en paix dans leur tombe ; leur sort est accompli. Nous voulons séparer notre cause de la leur. » Ainsi parlait Lacordaire il y a plus d’un demi-siècle. Aujourd’hui l’Église a séparé sa cause de la cause perdue des rois. Et elle dit aux peuples : « Vous n’aurez qu’une reine, et c’est moi ! »

Et Monsieur Cassignol ajouta d’une voix moins haute :

— Vous, Messieurs, qui êtes si jeunes, avez-vous une juste idée de ce que fut Lamennais ? Je l’ai suivi en disciple fidèle, jusqu’au bord de l’abîme où il est tombé. J’ai recueilli jour par jour sa pensée et sa doctrine. Savez-vous bien, Messieurs, que