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Page:Anatole France - Les Contes de Jacques Tournebroche.djvu/108

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de madame Pinson, au Panier fleuri. On y voyait, en abondance, des jouets d’enfants, étalés pour les étrennes de l’an de grâce 1696, et l’on avait peine à se mouvoir au milieu des automates danseurs et buveurs, des buissons d’oiseaux qui chantaient, des cabinets pleins de figures de cire, des soldats en habit blanc et bleu rangés en bataille et des poupées habillées les unes en dames, les autres en servantes, car l’inégalité, établie par Dieu lui-même dans les conditions humaines, paraissait jusque dans ces figures innocentes.

M. Chanterelle fit choix d’une poupée. Celle qu’il préféra était vêtue comme madame la princesse de Savoie à son arrivée en France, le 4 de novembre. Coiffée avec des coques et des rubans, elle portait un corps très raide, brodé d’or, et une jupe de brocart avec un pardessus relevé par des agrafes de perles.

M. Chanterelle sourit en pensant à la joie qu’une si belle poupée donnerait à mademoiselle de Doucine, et quand madame Pinson lui tendit la princesse de Savoie enveloppée dans du papier de soie, un éclair de sensualité passa