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sur son aimable visage, aminci par la souffrance, pâli par le jeûne, défait par la peur de l’enfer.

Il remercia poliment madame Pinson, prit la princesse sous son bras et s’en alla, traînant la jambe, vers la maison où il savait que mademoiselle de Doucine l’attendait à son lever.

Au coin de la rue de l’Arbre-Sec, il rencontra M. Spon, dont le grand nez descendait jusque dans son jabot de dentelle.

« Bonjour, monsieur Spon, lui dit-il, je vous souhaite une bonne année et je demande à Dieu que tout succède à vos désirs.

— Oh ! monsieur, ne parlez point ainsi, s’écria M. Spon. C’est souvent pour notre châtiment que Dieu contente nos désirs. Et tribuit eis petitionem eorum.

— Il est bien vrai, répondit M. Chanterelle, que nous ne savons pas discerner nos véritables intérêts. J’en suis un exemple, tel que vous me voyez. J’ai cru d’abord que la maladie dont je souffre depuis deux ans était un mal : et je vois aujourd’hui qu’elle est un bien, puisqu’elle