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Page:Anatole France - Les Contes de Jacques Tournebroche.djvu/127

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Pourtant elle posa la main sur le bras que lui tendait mon bon maître et nous prîmes tous trois le chemin des Halles. La nuit s’était beaucoup rafraîchie. Dans le ciel qui commençait à prendre une teinte laiteuse, les étoiles devenaient plus pâles et plus légères. Nous entendions les premières voitures des maraîchers rouler vers les Halles au pas lent d’un cheval endormi. Parvenus aux piliers, nous prîmes place tous trois dans l’embrasure d’un porche à l’image Saint-Nicolas, sur un degré de pierre que M. l’abbé Coignard prit soin de recouvrir de son manteau, avant d’y faire asseoir la jeune demoiselle.

Là, mon bon maître tint sur divers sujets des propos plaisants et joyeux à dessein, afin d’écarter les images funestes qui pouvaient assaillir l’âme de notre compagne. Il lui dit qu’il tenait cette rencontre pour la plus précieuse qu’il eût jamais faite dans sa vie, qu’il emporterait d’une si touchante personne un cher souvenir, sans vouloir lui demander son nom et son histoire.

Mon bon maître pensait peut-être que l’inconnue