Page:Anatole France - Les Contes de Jacques Tournebroche.djvu/228

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lui était confiée. Il dressa des embuscades à Komm et, se tenant en contact perpétuel avec ses maraudeurs, les harcelait. Cependant l’Atrébate, qui savait beaucoup de ruses de guerre, fatiguait par la rapidité de ses mouvements la cavalerie romaine et surprenait les soldats isolés. Il tuait les prisonniers par sentiment religieux, avec l’espérance de se rendre les Dieux favorables. Mais les Dieux cachent leur pensée ainsi que leur visage. Et c’est après avoir accompli un de ces actes de piété, que le chef Komm se trouva dans le plus grand danger. Errant alors dans le pays des Morins, il venait d’égorger, la nuit, dans la forêt, sur la pierre, deux prisonniers jeunes et beaux, quand, au sortir d’un bois, il se trouva surpris avec tous les siens par la cavalerie de Volusenus, qui, mieux armée que la sienne et plus experte à manœuvrer, l’enveloppa et lui tua beaucoup d’hommes et de chevaux. Il réussit pourtant à se faire passage en compagnie des plus habiles et des plus braves Atrébates. Ils fuyaient ; ils couraient à toute bride sur la plaine, vers la plage où l’Océan brumeux roule