Page:Anatole France - Les Contes de Jacques Tournebroche.djvu/232

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Il navigue et, poussé par un tel vent, il est déjà hors de portée du javelot.

Bientôt après, Komm et les Atrébates gagnèrent les bois touffus et les îles mouvantes, qu’ils emplirent des éclats d’un rire héroïque. Six mois encore, le chef Komm tint la campagne. Un jour Volusenus le surprit, avec une vingtaine de cavaliers, sur un terrain découvert. Le préfet était accompagné d’un nombre à peu près égal d’hommes et de chevaux. Il donna l’ordre de charger. L’Atrébate, soit qu’il craignit de ne pouvoir soutenir le choc, soit qu’il méditât un stratagème, fît signe à ses fidèles de fuir, se lança éperdument dans la plaine immense et galopa longtemps, serré de près par Volusenus. Puis, tout à coup, il tourna bride et, suivi de ses Gaulois, se jeta furieusement sur le préfet de cavalerie et, d’un coup de lance, lui perça la cuisse. Les Romains, voyant leur général abattu, s’enfuirent étonnés. Puis, par l’effet de l’éducation militaire, qui les portait à surmonter le sentiment naturel de la peur, ils revinrent ramasser Volusenus au moment, où Komm l’accablait joyeusement