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çonné de félonie à Montereau, il n’avait rien pour plaire. On le méprisait, et ses partisans inspiraient l’épouvante et l’horreur. Depuis dix ans, ils faisaient des courses autour de la ville, rançonnant et pillant. Sans doute les Anglais et les Bourguignons n’en usaient pas différemment : lorsque, au mois d’août 1423, le duc Philippe était venu à Paris, ses hommes d’armes avaient tout ravagé aux alentours ; et c’étaient des amis et des alliés. Mais ils ne firent que passer ; les Armagnacs au contraire battaient sans cesse les campagnes. Ils volaient tout ce qu’ils trouvaient, incendiaient les granges et les églises, tuaient femmes et enfants, forçaient pucelles et religieuses, pendaient les hommes par les pouces. En 1420, ils se jetèrent comme diables déchaînés sur le village de Champigny et brûlèrent à la fois avoine, blé, brebis, vaches, bœufs, enfants et femmes. Ils agirent de même et pis encore à Croissy. Un très grand clerc de l’Université disait d’eux qu’ils faisaient tout le mal qu’on peut faire ou penser et que par eux plus de chrétiens avaient été martyrisés que par Maximien et Dioclétien.