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Parmi elles se trouvait Guillaumette Dyonis, qui était aveugle de naissance.

Elle était fille d’un artisan, tué par les Armagnacs dans les bois de Boulogne-la-Grande. Sa mère avait été enlevée par un homme d’armes bourguignon, et l’on ne savait ce qu’elle était devenue. Guillaumette était en âge de quinze à seize ans. Elle vivait aux Innocents de la laine qu’elle filait. On n’aurait pas pu trouver dans la ville meilleure fileuse qu’elle. Elle allait et venait par la cité sans le secours de personne et connaissait toutes choses aussi bien que ceux qui voient. Comme elle menait une bonne et sainte vie et qu’elle jeûnait fréquemment, elle était favorisée de visions. Elle avait eu notamment des révélations de l’apôtre saint Jean sur les troubles du royaume de France. Tandis qu’elle récitait ses heures au pied de l’estrade, sous la grande danse macabre, une femme nommée Simone la Bardine, qui était assise à terre près d’elle, lui demanda si le bon père n’allait pas bientôt venir.

Guillaumette Dyonis ne voyait point la robe